Phu Quoc, le 6 avril 2010
Bonjour tout le monde,
Un petit mot pour vous dire que tout va bien. Je suis toujours en attente d'une reponse en ce qui concerne Su (lui aussi d'ailleurs et avec bien plus d'angoisse que moi). Qua est reparti pour Nha Trang samedi et voudrait revenir pour travailler avec moi, mais je ne peux lui donner de reponse maintenant.
Lundi, je pars pour Saigon, je devrais y rester une petite semaine, histoire de renouveler mon visa. J'en profiterai pour faire quelques achats pratiques. En effet, il y a quand meme pas mal de choses qu'on ne trouve pas sur l'ile. J'etais tout heureuse de pouvoir prendre le vol Phu Quoc - Can Tho a un prix democratique, mais c'etait sans compter sur les agences-requins qui ont deja reserve toutes les places pour les revendre au prix fort. Moralite, j'hesite entre prendre l'avion directement jusqu'a Saigon (cher) ou me taper a nouveau le bateau et le bus. Je rale, je rale !
Les travaux dans la salle de bains et la cuisine sont quasi termines, j'ai maintenant un vrai evier a hauteur humaine. Ca peut paraitre incroyable pour un Occidental, mais un evier en inox dans la cuisine est un luxe ici. Comme quoi, selon l'endroit ou l'on vit, les priorites et preoccupations sont differentes. Ici, on ne se demande pas si on va acheter "Fashion X" ou "Grande marque Y", on se demande si on pourra s'offrir "Essentiel". Je ne parle pas des nantis, bien entendu, mais du commun des mortel, classe "moyenne populaire". Les pauvres, eux, se demandent s'ils vont pouvoir acheter "Bol de riz ce soir" et, le cas echeant, payer "Docteur pour la petite qui traine une infection depuis trois semaines", c'est encore plus dramatique. Cette petite parenthese pour vous dire qu'il m'arrive souvent de me demander comment je reprendrais la vie en Belgique si je devais rentrer.
Ceci dit, ce qui me manque le plus, c'est l'hygiene dans les rues, surtout devant chez moi. Bien qu'a Phu Quoc, nous soyons privilegies par rapport a de nombreux endroits du VN, je pique ma crise (interieure) tous les soirs quand je vois les deux bonnes femmes et leur gargotte s'installer pour la soiree. Je sais que mon entree va encore etre envahie de mobylettes et qu'il va encore falloir que je me montre pour qu'elles daignent demander a leurs clients de se garer ailleurs, puis, qu'a partir de 19 heures, le sol sera jonche de papiers, restes de nourritures craches par terre, bestioles etc. Ca, ca me gonfle au plus haut point. Bien sur, a la fermeture, elles balayent et le lendemain matin, il ne reste que les taches de graisse et les fourmis, je ne dois pas encore trop me plaindre. Mais, mais, mais... j'ai des envies de meurtre !
Je crois que les deux nuisances auxquelles je n'arriverai pas a m'habituer ici sont la crasse et le bruit. Les klaxons des camions, cars et taxis... Grrrrrr... Je fais un bond a chaque fois. Si encore ils klaxonnaient pour prevenir d'un reel danger ! Mais non, beaucoup d'entre eux ne klaxonnent que pour faire savoir qu'ils roulent trop vite et qu'il vaut mieux se garer fissa si on ne veut pas se faire ecraser - ce qui, en y reflechissant bien, constitue un reel danger -. Aucun respect pour les autres usagers et tant pis si j'en tue un au passage. Les chauffeurs de 4 roues, qu'ils soient petits modeles ou tres gros, s'imaginent probablement que leur puissance virile est accentuee par le fait de tenir un volant entre les mains. Vous me direz : "Rien de nouveau sous le soleil, chez nous c'est
pareil", sauf que chez nous, le klaxon est interdit, les machos
stupides se contentent de faire un fuck ou une queue de poisson, ca
emm... moins de monde.
Vous allez croire que j'exagere, mais nous avons encore eu deux accidents mortels la semaine derniere. Mobylette contre camion et mobylette contre minivan. Ok, les conducteurs des mobylettes roulaient beaucoup trop vite et n'ont pu eviter les mastodontes, mais chez nous, les 4 roues auraient d'office leur part de responsabilite : le camion a vire et transportait des tubes qui depassaient largement a l'arriere (sans signalisation, of course) et le minibus est sorti en trombe d'un sentier perpendiculaire a la route principale. Resultat, un empale, un encastre. On ne le repetera jamais assez : Prudence, prudence quand on conduit au Viet Nam, le danger peut venir de n'importe ou. Personnellement, je prefere passer pour une memere et me contenter d'un 30 km/h maxi plutot que de risquer ma vie a chaque intersection.
Le temps est toujours au "plus que tres chaud" a tel point qu'il est vraiment difficile de se faire violence pour travailler. Depuis le depart de Qua, je regarde le pot de peinture en me disant "honte sur moi", mais je me trouve trente-six excuses pour me contenter de le regarder sans l'ouvrir. Ceci dit, c'est un point "integration" reussi a 100 %, mis a part ceux qui sont payes pour travailler, les autres font comme moi ;-)))
Point positif de cette chaleur torride, pas besoin d'installer un chauffe-eau dans la salle de bain, la douche est a temperature du corps, meme que le soir, j'aimerais bien qu'elle soit un peu plus froide, histoire de me rafraichir reellement avant de me coucher. Pour ceux qui sont un peu patients, pas besoin non plus de s'acheter une cuisiniere, on peut faire cuire ses oeufs et sa viande sur toute piece metallique laissee au soleil entre 10 h et 17 h. Le plastique est bien aussi, surtout quand on a laisse sa moto au soleil et qu'il faut l'enfourcher... sensations fortes assurees.
Voila pour les nouvelles de la semaine. Raf et Yen vont bien, pas de jour de repos pour Raf, le Rainbow fonctionne a 80 % de sa capacite malgre la basse saison et le staff est reduit. Il a hate de partir pour Hoi An, car il est fatigue. Entretemps, ils feront une halte a Saigon ou on se retrouvera pour deux jours, puis une petite semaine a Nha Trang afin que Yen rende visite a sa famille. Quelques vacances pour eux avant d'entamer la saison suivante.
A bientot, portez-vous bien.
Pat