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Le Grand Voyage
20 novembre 2008

Saigon, le 20 novembre

Hello tout le monde,

J'envoie un petit billet avant d'etre trop occupee, je suis a Saigon jusqu'a demain matin puis je pars en tour avec deux couples de Francais.  Ici, il fait beau et chaud, le ciel s'est un peu obscurci depuis deux heures de l'apres-midi, mais il y a encore de belles eclaircies.  Il fait sec aussi et ca me fait du bien apres ces deux semaines d'humidite constante.

Pour ceux d'entre vous qui en ont entendu parler, je tiens a les rassurer en ce qui nous concerne, la tempete Noul ne nous a pas atteints.

Cela fait deux semaines maintenant que le temps n'est plus au beau fixe : pluies parfois torrentielles, temperatures en baisse, ciel nuageux la plupart du temps, bourrasques de vent, mer agitee et parfois "sauvage" au point d'avoir ote la vie a trois etudiants qui se sont noyes fin de la semaine derniere; bref, un temps a ne pas mettre un Vietnamien dehors, surtout un de Nha Trang qui a l'habitude du beau temps.

Lundi matin, apres etre allee prendre des nouvelles de mon pc portable - qui, bien entendu, n'est toujours pas repare, - sous une pluie torrentielle, j'arrive trempee jusqu'aux os au cybercafe.  je discute un peu avec le serveur (le vivant, celui qui sert les verres) qui me dit qu'on attend une tempete tropicale pour le soir.  Force 10 !!!  Oups ! Je lui demande a quoi je dois m'attendre et il me dit qu'il y aura beaucoup de pluie, des vents tres forts et des inondations. 

Ma maison etant deja quasi sous eau (les murs pissent litteralement et la rue est inondee jusqu'aux genoux), je me dis qu'il serait peut-etre judicieux de passer la nuit en ville.  Il y a beaucoup de place dans les hotels en ce moment et je prefere ne pas risquer une nuit blanche a lutter contre le dechainement des elements.  De plus, etant au pied d'une montagne, je recois les eaux d'ecoulement et j'ai un peu peur d'une coulee de boue devastatrice.  Fidele a mes principes, je me dis que les biens materiels detruits, ce n'est qu'un demi-mal, mais que nos deux vies sont trop precieuses pour les risquer de cette maniere. 

Comme il n'arrete pas de pleuvoir, Rafael propose de passer a la maison pour chercher quelques affaires pour la nuit, couper l'electricite, fermer les volets et rentrer mon velo a l'interieur.  Je passe donc le reste de la journee en ville, de cybercafe en restaurant, attendant la tombee du jour en regardant tomber la pluie.  Rafael, de son cote, a du rester un bon moment a la maison, la pluie avait redouble et il etait tres difficile de quitter le quartier.

Vers 19 heures, le vent est toujours a l'etat de brise legere, la pluie a quasi cesse et je me demande si mon serveur ne m'a pas raconte des mensonges.  Je retourne donc au cybercafe afin de consulter les sites meteo.  Pas de mensonges, le satellite montre une tempete juste au dessus de nous.  Je decide d'attendre encore un peu sur place : la chambre est reservee, nos affaires sont installees, pas question de toute facon de renoncer a cette nuit de tranquillite au centre ville.  De plus, une douche chaude nous fera du bien par les temps qui courent (chez moi, je n'ai que l'eau froide et en ce moment, c'est pas jojo).

21 heures, toujours rien !  Je suis, entretemps, passee du cybercafe au Rainbow histoire de changer de place et de prendre un dernier verre avant de rentrer.  J'explique ma situation a l'un des membres du club qui me repond : "Elle est deja partie". 
- Ah bon ?. 
- Oui, oui, elle s'est coupee en deux a hauteur des iles et ici a Nha Trang, il n'y aura rien de plus que maintenant.

Je ris - jaune - car j'ai reserve une nuit d'hotel pour rien.  Je me console en pensant a la douche chaude qui m'attend, a la chambre aux murs secs, a la tele par cable grace auquel je pourrai voir un film en entier sans que l'emetteur n'envoie des carres depixellises.  D'autre part, je suis contente car il n'y aura pas de degats a aller constater demain matin ni plus d'eau dans la rue que maintenant.  Je rentre donc a l'hotel d'un pas tranquille, bien decidee a profiter de ce confort inopine et bienvenu.

Le lendemain matin, il pleut encore un peu mais ce ne sont que des averses legeres et le vent est tombe.  Qua, qui est venu me retrouver pour boire le cafe me dit qu'il savait que rien ne se passerait, qu'on l'avait annonce aux infos et, quand je lui dis qu'il aurait pu me prevenir, me repond, comme toujours : "Oh, je n'y ai pas pense."  Il m'arrive de plus en plus souvent de me demander s'il lui arrive de penser !!!

Nha Trang a eu de la chance, une fois de plus.  Mais est-ce vraiment de la chance ?  En fait, notre ile de Hon Tre, la plus grande et la plus haute, situee pile en face de la baie semble avoir ete posee la par un dieu antique et bienveillant.  Elle nous protege des vents violents, des tempetes, nous procure un spectacle merveilleux au quotidien, changeant de couleur comme s'il s'agissait d'une dame aimant essayer une nouvelle robe tous les jours et meme parfois toutes les heures.  Les promoteurs ont eu beau l'abimer en construisant un cinq etoiles, un telepherique et un parc aquatique, elle ne s'est pas vengee pour autant, peut-etre parce que l'armee a su garder ses terrains et qu'il est interdit de construire sur une plus grande surface, et elle continue a nous servir de bouclier naturel. 

La configuration de la baie doit aussi y etre pour quelque chose.  En effet, lorsqu'on longe la digue, surtout le soir, on s'apercoit a quel point elle est incurvee.  En regardant en face depuis une extremite, on a l'impression qu'il n'y a pas d'ouverture et que la mer est un immense lac.  Les iles et les courbes de la cote forment presqu'une couronne et, la nuit, les lumieres accentuent cette impression.

Chaque jour, lorsque j'enfourche ma bicyclette pour me rendre au centre ville, quel que soit l'etat du ciel : bleu clair ou fonce, blanc de chaleur ou revetu de ses nuances infinies de gris, quel que soit l'etat de la mer : bleue, turquoise, verte, ambre, grise, je me rejouis du spectacle qui s'offre a moi.  La mer, les iles, les montagnes, le ciel forment un ensemble d'une intense vivacite, d'une beaute voluptueuse et sensuelle.  Ici, sous les tropiques et peut-etre plus particulierement dans la baie de Nha Trang, tout est fort, intense, presque trop.

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