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Le Grand Voyage
7 novembre 2008

Nha Trang le 7 novembre

Il pleut, il pleut, riziere...

La saison des pluies est maintenant bien la.  Il pleut plus qu'il ne fait beau et ici, quand ca tombe, ca tombe.  Depuis une dizaine de jours, maintenant, le ciel a vire au gris et deverse sur la ville et ses environs des tonnes d'eau, venues d'on ne sait ou.

Heureusement, nous avons de belles periodes d'eclaircies et meme, parfois, une journee entiere de soleil, mais le changement est radical si on se refere a la meteo si clemente des huit mois passes.  Depuis trois jours, il pleut plus des trois-quarts du temps et les maisons commencent a sentir le moisi.  Le linge etendu dehors, qui en general seche en quelques heures, reste irremediablement humide, les draps de lit ne sont guere accueillants, les murs suintent quand ils ne coulent pas litteralement, les rues adjacentes sont regulierement inondees, les capes de pluie protegent, mais humidifient le corps et les vetements, les gouttieres font un bruit d'enfer et les toitures en tole ondulee leur disputent la premiere place au hit parade des decibels.

PLUIEsmallLa mer, elle aussi, se rebiffe.  Les vagues viennent bruyamment se fracasser sur le rivage et, a certains endroits ou la plage est quasi inexistante pour cause de digue, elles n'hesitent pas a eclabousser les passants, tout surpris de cette agression subite.  Le fleuve, drainant les eaux boueuses des montagnes environnantes, vient se jeter brun et sale dans la mer, la rendant tristement brune a son tour.  Les plages sont quasi desertes, seuls quelques etudiants bravent le ressac a la tombee du jour pour faire une petite trempette ou une partie de football.

Hier, les 10 kilometres qui separent ma maison du centre ville m'ont pris une bonne heure.  J'avais quitte la maison "entre les gouttes", entendez par la "entre les seaux" qui se deversaient par intermittence, esperant pouvoir gagner le centre sans prendre une seconde douche.  C'etait sans compter sur le vent qui obscurcit le ciel en moins de dix minutes et apporta une nouvelle averse bien drue.  J'avais a peine parcouru deux kilometres qu'il m'etait deja impossible d'envisager de prolonger mon parcours.  Les gouttes, grosses et piquantes, ne me permettaient plus de garder les yeux ouverts, chose indispensable lorsque l'on conduit un vehicule, et la route commencait a se couvrir d'une pellicule glissante faite d'eau et de boue. 

Je decidai donc de m'arreter au GMC, cafe-restaurant-discotheque-karaoke tres prise par la jeunesse nantie et branchee de Nha Trang, afin de m'abriter en attendant la fin du deluge.  J'etais encore relativement seche et une brave jeune fille venait a ma rencontre avec un parapluie.  Tout allait pour le mieux, la douche semblait evitee.  C'etait sans compter avec le gardien des vehicules.  Il brava la pluie pour venir prendre mon velo en charge - celui-ci n'en avait pourtant pas besoin puisque je l'avais gare sous un parasol(pluie) - et, ne connaissant ni le poids de l'engin, ni la fonction de la poignee droite, se retrouva sous la pluie, le velo incontrolable a la main, nous obligeant a nous deplacer de dessous ce parasol bien utile afin de lui expliquer qu'il fallait oter la cle de contact avant de toucher a cette poignee sous peine de voir le velo avancer tout seul et pas forcement dans la direction voulue.  Le vieux gardien n'arrivait pas a se depetrer de la situation, la jeune fille et moi etions deja trempees, la pluie redoublait et je ne parvenais pas a faire comprendre a ce malheureux homme qu'il faillait couper le contact.  Mon velo, trop heureux d'ennuyer quelqu'un, avancait par a-coups, guidon incline, imprimant un cercle "vicieux" tout autour de nous, entrainant a sa suite le pauvre homme qui n'osait lacher prise.

pluie_compressS'il avait fait soleil, nous aurions certainement beaucoup ri de cette mesaventure, mais sous la douche tropicale, nous n'avions vraiment pas envie de plaisanter.  Finalement, j'ai tendu mon sac et ma cape a la serveuse, reussi a degager mes cles du contact et tape sur la main du vieux bonhomme pour qu'il lache le guidon, tout ceci en maintenant mon velo afin d'eviter qu'il nous tombe lourdement sur les jambes.  Nous etions tous les trois trempes jusqu'aux os, la serveuse un peu moins, car elle avait eu la sagesse de rester sous son parapluie pendant la scene : pas folle, la guepe : qu'ils se debrouillent !!!

Apres cet intermede desagreable, j'ai enfin pu gravir les marches du GMC pour me mettre a l'abri.  Mes cheveux, mes bras, mon bas de pantalon, mes sandales, ma blouse, tout etait trempe.  Tant qu'a faire, j'aurais pu continuer ma route, je serais arrivee au centre dans le meme etat. 

La pluie ne faisant pas mine de s'arreter de tomber, je commandai un cafe au lait, chaud pour une fois, et un petit dejeuner.  Entretemps, j'allai me secher et recoiffer tant bien que mal aux toilettes.  La dame de charge ne put s'empecher d'esquisser un sourire en me voyant debarquer dans ce huis clos, mais la pitie fut plus forte et elle me tendit gentiment une serviette afin que je puisse reparer un tant soit peu les degats.

A mon retour a table, un cafe chaud m'attendait ainsi qu'un verre de the, comme il est coutume dans les cafes vietnamiens.  Ce dernier, contrairement a l'habitude, etait chaud aussi.  Pas de glacons cette fois, personne n'avait envie de se refroidir le gosier.  Mon petit dejeuner, un "banh mi bo kho", c'est-a-dire une soupe epicee aux legumes et au boeuf accompagnee d'une petite baguette de pain, arriva peu de temps apres et fut revigorant et delicieux.  Il ne me restait plus qu'a attendre tranquillement une eclaircie avant de poursuivre ma route.

Ainsi fut fait et un petit quart d'heure plus tard, j'enfourchai a nouveau mon velo apres avoir enfile ma cape de pluie encore bien mouillee et repris le chemin de la ville.  La route etait encore un peu inondee, mais il subsistait neanmoins suffisamment de passages a gue pour m'eviter un bain de pieds supplementaire.  Plusieurs ruisseaux improvises d'eau boueuse se deversaient en cascade des flancs de la colline, les hoteliers, cafetiers et autres tenanciers s'affairaient a brosser tout ce trop plein vers les egouts qui, heureusement ici a Nha Trang, sont de bonne qualite et suffisamment performants pour evacuer l'eau en peu de temps.  Un bon quart d'heure plus tard, j'arrivais enfin au centre ville, encore un peu humide, mais sans avoir eu a subir une nouvelle averse.

A peine avais-je eu le temps de donner mon linge a laver que la pluie recommencait a tomber.  Il ne me restait plus que quelques metres a parcourir avant d'arriver au cafe ou Qua et moi nous retrouvons chaque jour et j'arrivai enfin a l'abri.  Le cafe en question est tres agreable, il comporte un batiment principal et un grand jardin arbore.  De nombreux parasols, un kiosque et une grande bache permettent de s'y asseoir meme lorsqu'il pleut.  Cependant, hier, la pluie etait tellement puissante que toutes les tables avaient du etre rassemblees sous la bache principale et le kiosque : les parasols n'etaient pas suffisamment solides et impermeables pour permettre a quiconque de s'y abriter et la violence des trombes d'eau eclaboussait tout le mobilier.

Ayant donne rendez-vous a Qua a cet endroit, je me decidai donc a trouver une table libre a l'abri de la bache.  Contrairement a l'habitude, le cafe etait quasi desert; il etait pourtant difficile de s'asseoir car le nombre de tables assemblees dans un petit espace reduisait considerablement la mobilite.  Satisfaite cependant de trouver un abri, je tatai la chaise qui se revela simplement humide, m'assis et commandai un cafe.  J'entamai la conversation avec un client Australien accompagne d'un jeune guide; le sujet etant bien sur le temps actuel, les problemes causes par la pluie qui envahit tout et le bonheur d'etre "assis a une terrasse les pieds dans l'eau".  Nous rimes de l'image, car la situation du jour, bien que correspondant tout a fait par les mots, etait bien loin de celle annoncee par les guides touristiques, a savoir soleil, plage, parasol, pieds dans l'eau... de la mer. 

Qua arriva dix minutes plus tard, tout aussi trempe que je l'etais une heure auparavant.  Il etait en route lorsque l'averse avait eclate et n'avait pas ses vetements de protection.  Nous bumes notre cafe en regardant tomber la pluie et en essayant d'eviter les projections.  Le sol restait irremediablement inonde et, bien que peu enclins a nous amuser, nous rimes malgre tout de la situation, des clients qui arrivaient en courant pour se mettre a l'abri, relevant leurs bas de pantalon d'une main tout en essayant de maintenir un objet quelconque au-dessus de leur tete.  Ici, heureusement, tout prete a rire et tout le monde rit.

Apres cet intermede humide, nous decidames d'aller travailler chacun de notre cote et c'est en me levant que j'ai eu la desagreable surprise de m'apercevoir que l'arriere de mon pantalon etait trempe.  En effet, la chaise avait, sous mon poids, rendu son trop plein d'eau et je me retrouvai donc les fesses mouillees pour le restant de la journee.  Pas question de rentrer a la maison pour me changer, le risque de subir un nouveau deferlement de dame la pluie etait trop grand.  Je passai donc le reste de la journee inconfortablement assise devant un ordinateur, mon pantalon refusant bien entendu de secher au contact du skai recouvrant la chaise.

Le soir, une legere accalmie arrivant, je decidai de rentrer chez moi.  Avant de partir, je passai un coup de fil a Rafael pour savoir ou il etait et ce qu'il faisait et il m'invita a le rejoindre dans un cafe proche ou il jouait au billard.  J'allai donc prendre un verre avec lui et, bien evidemment, une nouvelle averse arriva.  L'heure tournait, j'avais envie de rentrer - j'ai quand meme dix kilometres a parcourir - et la temperature etait assez fraiche.  Apres toute cette pluie, je redoutais que les routes soient a nouveau inondees et je n'avais pas envie de devoir pousser mon velo seule dans la nuit.  A la premier accalmie, je pris donc mon courage a deux mains, enfilai a nouveau ma cape, enfourchai mon velo pour la derniere fois de la journee et rentrai enfin a la maison pour me secher et me changer.

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