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Le Grand Voyage
14 mars 2008

Petit matin et nuit profonde.

Deux moments, deux peuples...

Hier, vingt-trois heures, coup de fil de Qua. 

- Tu es ou ?
- A l'hotel, dans mon lit.
- Tu dors ?
- Je dormais, nuance...
- Je n'arrive pas a dormir. (Ben moi si, mais bon...)

Je lui demande ce qui se passe, sachant que cela fait deja deux nuit qu'il ne dort pratiquement pas.  Le tour dans le Delta a ete accepte par le client, je ne vois pas tres bien ce qui peut le tracasser a ce point. 

- Je ne sais pas, je me suis endormi puis maintenant je suis a nouveau eveille, je n'arrive pas a me rendormir... suivi d'un silence qui veut dire "J'ai besoin de toi".
- Tu veux venir ? Tu veux qu'on aille quelque part en discuter ?
- OUIIIIIIIIII (soulage)

Je me rhabille donc apres lui avoir donne rendez-vous devant mon hotel et me prepare a sortir.  Premiere tuile, la grille est fermee par un cadenas.  Je regarde s'il y a une autre issue, nada, je suis enfermee dans l'hotel.  Vu la configuration des lieux, je n'avais pas du tout pense a cette eventualite.

Je me dis que peut etre le cadenas possede une serrure universelle et j'essaie la cle de ma chambre.  Pas de chance, ca ne fonctionne pas.  Ayant entendu du bruit, le proprietaire descend et je lui dis que je dois sortir.  Je ne sais pas pour combien de temps, il me dit donc de sonner a mon retour.  Grrrr, je deteste embeter les gens au milieu de la nuit...

Qua arrive quelques minutes plus tard, le quartier est tres calme, quasi vide, a l'exception des motobykes ranges en masse devant la discotheque encore ouverte.  Nous partons ailleurs afin de discuter calmement.  Les choses ne sont pas si dramatiques au fond et je le rassure du mieux que je peux.  Une heure plus tard, comme tous les hommes eveilles en milieu de nuit, il a faim.  Je lui demande ce qui est encore ouvert a cette heure et il me repond que tout est a pratiquement ferme sauf les endroits a touristes, trop chers a mon gout et je n'ai pas du tout envie de croiser des poivrots.

Nous tournons dans les rues calmes, quelques petits restos de rue sont occupes a empiler tables et chaises sur leur remorque, l'un ou l'autre est encore ouvert, mais ils ne semblent pas a son gout.  Finalement, en prenant le chemin d'un "Pho 24", qui est une sorte de fast food ou l'on peut manger un pho jour et nuit, nous repassons devant mon hotel ou le petit resto viet est encore ouvert.  Pourquoi pas une soupe la, c'est plus pres, moins cher et probablement bien meilleur.  Nous nous arretons donc et commandons une soupe au poulet (kiem ga).

Qua me fait alors remarquer les deux filles court vetues et tres maquilles assises de l'autre cote de la rue.  Elles attendent visiblement quelque chose. 
- Regarde, des taxi-girls.
- Que font-elles ?
- Elles attendent les derniers clients qui vont sortir de la discotheque.  Dans les discotheques et aux alentours, tu en trouve plein.  Elles tournent dans ou hors de l'endroit et tentent de trouver des clients.

En effet, il est pres d'une heure du matin et la discotheque va fermer.  Un groupe de jeunes sort, elles se levent, mais pas de chance, un taxi arrive et les embarque.  Les filles traversent alors la rue et viennent quemander un repas gratuit, arguant du fait que la nuit a ete mauvaise et qu'elles n'ont pas d'argent.  Le restaurateur les envoie paitre; je n'ai pas compris ce qu'il leur disait, mais cela a provoque quelques rires parmi la clientele.  Qua m'explique alors qu'a cette heure de la nuit, mis a part quelques filles accompagnees de leur petit ami, il n'y a plus que des taxi-girls qui trainent dans les rues.  Elles viennent pour la plupart du delta du Mekong et tentent leur chance a Saigon ou Nha Trang ou elles peuvent eventuellement alpaguer un touriste en goguette.

Quelques minutes plus tard, trois jeunes anglophones bien imbibes arrivent et font mine d'entrer dans la discotheque qui est en train de fermer.  Le sorteur leur dit que c'est ferme, mais ils insistent et tentent de forcer le passage.  Fermement et sans menagement, le sorteur les en empeche et deux serveurs sortent immediatement. 
- "You go Sailing Club !!!" (c'est le bar a touristes le plus connu de Nha Trang, il reste ouvert tres tard).  Les filles revenues sur ces entrefaites essaient de s'agripper aux garcons emeches, mais ceux-si semblent plus envieux de se saouler que de trouver une fille pour la nuit.  Je vous passe les details des mimiques de Qua qui en disent long sur ce qu'il pense de ce genre d'abrutis.  Il ne parle pas beaucoup, mon chou, mais je lis tout sur son visage.

Finalement, nous payons, Qua me raccompagne jusqu'a la grille de mon hotel et attend que le proprietaire m'ait ouvert.  Je suis tres embarrassee, mais bon, il faut bien que je finisse la nuit ailleurs que dans la rue.  Une femme seule au milieu de la nuit... ce ne peut etre qu'une taxi-girl !  et Qua ne tient pas a ce que sa copine passe pour une fille de mauvaise vie. 

Ce matin, six heures trente...

Je sors de ma chambre pour fumer la tueuse du petit matin.  La grille grince et trois touristes fraichement debarques arrivent.  Quelques salutations a voix basse, il est temps de prendre ma douche et d'aller boire mon cafe.

Sept heures, je sors de la ruelle pour retrouver l'animation de la rue.  A cette heure, les petits troquets sont legion, tables et chaises en plastique (taille schtroumpf), mini etals avec quelques sandwiches et paquets de cigarettes, bacs a glacons, cafe chaud, lait sucre.  Le "ca fe sua da" du matin, c'est sacre.  Les hommes sont deja attables, souvent en groupe et occupes a papoter ou a lire le journal.  Quelques femmes accompagnees ou non, peu ou pas de jeunes filles.

Sur le trottoir d'en face, le va-et-vient des bus de nuit est a son comble.  J'aime beaucoup regarder debarquer les nouveaux arrivants.  La plupart sont haguards, fatigues, nerveux, ils se font tres vite harceler par les conducteurs de motobyke et taximen, certains demandent une adresse, d'autres acceptent la course proposee, d'autres encore les remballent sans menagement.  Il faut dire a leur decharge que lorsqu'on a passe toute une nuit dans un confort relatif (surtout les grands gabarits puisque les couchettes sont a la taille asiatique), que c'est la quatrieme ou cinquieme fois que l'on sort d'un bus apres avoir parcouru de nombreux kilometres, on n'est pas toujours de la meilleure humeur. 

Ici, devant l'arret, les motobykes drivers sont relativement calmes.  Pas d'insistance trop enervante, pas de saisissement des bagages sans autorisation, ce qui n'est pas le cas partout.  Qua, d'ailleurs, refuse obstinement de faire ce genre de travail, d'un cote il est trop reserve et d'un autre, il ne veut pas passer pour un casse-pieds. 

Une fois les arrivants debarques, les bus vont se garer dans une rue adjacente en attendant l'equipe de nettoyage, les chauffeurs de la nuit vont pouvoir rentrer chez eux et se reposer, ceux du jour se detendent.  Le prochain voyage est deja en preparation, les "partants" sont installes : qui sur sa valise, qui sur les blocs de pierre du trottoir, l'un se depeche d'aller faire un dernier petit besoin avant l'embarquement, l'autre cherche en vain un papier ou son passeport au fond du sac qui ira dans la soute. 

Les chauffeurs du matin sont assis a la table a cote de la mienne, prennent leur cafe et commandent leur sandwich ou leur riz enveloppe dans une feuille de bananier.  Ils rient, achetent un billet de loterie ou le journal, telephonent et finissent par se lever pour aller travailler.  L'endroit se vide, mais pour peu de temps. 

Les prochains clients sont "en civil", ils viennent egalement prendre leur cafe matinal avant leur journee de travail, certains arrivent au guidon de leur mobylette, leur epouse derriere et, une fois debarques, celle-ci prend les commandes et va vaquer a ses occupations.  Le marchand de journaux ambulant fait son enieme passage, il y a toujours de nouveaux clients et l'un d'entre eux aura bien envie d'un journal.  La vieille femme aux billets de loterie revient, elle aussi, elle insiste parfois suffisamment pour que l'un ou l'autre lui prenne un ou deux billets, parfois, elle tend la main, tout simplement, afin d'obtenir quelques dongs.  Le petit cireur de chaussures passe, mais il ne s'arrete que s'il voit un etranger et ils ne sont pas legion a cette heure. 

Pendant ce temps, dans la rue, c'est le defile des mobylettes portant soit un jeune etudiant, un policier en uniforme, un homme et deux jeunes enfants sur le chemin de l'ecole, une femme bien couverte par son masque, ses gants, ses longues manches et ses chaussettes afin de ne pas prendre le moindre rayon de soleil qui lui ferait bronzer la peau qu'elle veut avoir la plus blanche possible.  Les bus sont bondes d'etudiants en uniforme : pantalon bleu marine ou jean, chemise blanche impeccable et lavalliere rouge.  A sept heures du matin, tout ce petit monde a deja pris son petit dejeuner, fait ses exercices matinaux et s'est douche afin d'etre impeccable pour bien demarrer la journee.  Les touristes dorment du sommeil du juste ou cuvent leur alcool de la veille, c'est selon.  Les commerces ont fini de sortir leurs marchandises, les nouveaux arrivants ont trouve leur chambre pour la nuit et les partants sont dans le bus qui les mene vers d'autres horizons.

Il est temps pour moi de donner les 5.000 VND a ma petite marchande et d'aller faire mes exercices sur la plage.  Le ciel est couvert, mais des taches bleu azur, de plus en plus grandes apparaissent.  Je me pose sur la balustrade de la promenade et j'admire la mer, les vagues, l'horizon.  La journee sera belle...

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Commentaires
R
ton ex / nouveau projet Thaï....<br /> (clein d'oeil)<br /> là je te sens en immersion totale,<br /> tu vas voir comme tu va vite prendre du recul<br /> par rapport aux vrais/faux expats par interim....<br /> amicalement
N
Bonjour Pat,<br /> <br /> Quel talent. Tes posts se lisent comme des épisodes d'un mélange de carnet de route et de succédanés de scènes de vie. Je ne m'en lasse pas. Je "guette" tes posts tous les jours.<br /> <br /> Chapeau et MERCI.<br /> <br /> Bonne continuation. Beaucoup de bonnes choses pour vous et à tes proches.
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